Le néant (= l'idée du rien absolu, l'absence totale de quoi que ce soit) n'est autre qu'un concept métaphysique qui ne renvoie à rien de concret, puisque ce qui existe, par le fait même d'exister, est nécessairement autre chose que rien.
Il faut donc considérer le néant comme une pure abstraction, construite en opposition à la notion d'être, qui elle, englobe toute possibilité de réalité effective.
< En fait, rien ne "provient du néant" justement parce que l'être n'est pas une chose figée :-) L'être, c'est TOUT ce qui est ; et sa réalité, un processus en devenir, plénitude dynamique fluide en laquelle tout change et se meut. Ce qui naît, ce qui vit, ce qui meurt, ne surgit pas du néant pour être, puis retourner au néant : cela, c'est l'apparence phénoménale imposée par notre subjectivité (De ce point de vue du sujet egocentré naît l'angoisse existentielle) . Or il y a seulement transition de forme au sein d'un tout unique : c'est ce que (après les mystiques extrême-orientales) nous enseignent les découvertes de la physique contemporaine (théories de la relativité et des quanta, corroborées par l'expérience scientifique).
< Le concept de néant diffère fondamentalement de la notion de vacuité : la vacuité, c'est le vide de forme, c'est le "non être" compris non pas en tant qu'absence d'être, mais absence de manifestation de l'être, par opposition à l'être manifesté, le monde des formes sensibles. Ou si l'on veut, c'est, de l'être, le "contenant" invisible du "contenu" perceptible :-)
@ Loin de moi l'ambition de débattre avec Carfantan :-)) Qui plus est, sa description de la vacuité me semble valide ; c'est seulement l'assimilation avec la notion de néant que je trouve contestable.
Donc, clairement, non le néant n'est pas identique à la vacuité : le néant serait l'antithèse (abstraite) de l'être ; alors que la vacuité est un "aspect" de l'être, ou plutôt, l'être en tant qu'il est mais n'apparaît pas.
Par exemple, sur le plan de la théorie scientifique : selon David Bohm, physicien, un centimètre cube de vide contient plus d'énergie que toute la matière constatée dans l'univers. Mais cette énergie est latente, elle n'est pas manifeste sous une forme mesurable : vous conviendrez que c'est radicalement différent de l'absence totale d'énergie qu'impliquerait l'absence d'être (= le néant).
Sur le plan de l'expérience subjective : le néant désigne un concept exclusivement théorique, en ce sens que nul ne peut même comprendre ce qu'il pourrait effectivement recouvrir ; essayez d'imaginer le néant : c'est impossible. En revanche, la vacuité correspond à un état de conscience (méditatif et contemplatif) qu'ont pu éprouver bien des êtres humains au cours de leur recherche spirituelle, et dont les témoignages abondent...
Le néant ne serait pas sencé avoir de définition, dans l'absolu.
Ce mot fait peur à beaucoup de gens justement parce qu'aucune définition ne peut définir ce qui n'existe pas alors qu'un mot existe dans le dictionnaire.
Je le vois plus comme un symbole du rien. Mais c'est contradictoire parce que le " rien " est déjà quelque-chose alors que le néant n'est rien d'autre que le néant.
" La notion de néant est directement et indissociablement liée à la notion d'existence. Évoquer le néant revient à révoquer l'existence et réciproquement. "
On tourne en rond en évoquant le néant.
Adolescente, ce mot m'inquiétait, m'angoissait même parfois, de par l'impossibilité à l'imaginer, à en construire une structure qui me le rende accessible. Combien de pirouettes intellectuelles j'ai pu faire pour bâtir un pont entre ce mot et ma compréhension.
"État d'inexistence des êtres et des choses" ou "absence absolue" disent les dictionnaires... mais en vrai comment savoir ?
C'est si vaste qu'on peut difficilement imaginer à quoi ça ressemble, et notre petite imagination au ras de ce qui existe ne peut même pas concevoir ce "rien".
Je me souviens d'une chose de mes lointains cours de philo qui m'avait beaucoup marquée. Pour nous parler de Beckett, le prof avait dit "Ce n'est pas qu'il ne se passe rien, c'est "rien" qui se passe"... du latin "rem" qui signifie "quelque chose".
Pour moi, le néant c'est pareil : un "quelque chose" tout à fait indéfini et impossible à appréhender clairement.
Le rien, c’est comme la frontière du néant. Il faut donc s’accrocher à quelque chose plutôt qu’à rien. Par définition un « rien » ne permet pas d’accrocher quoique ce soit ! Il semble que cette angoisse devant le rien soit la même que celle qui est présente dans la métaphysique. La question que posent déjà les premiers philosophes est en effet invariablement : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?
Et si le rien était premier ? Il est étrange de voir que sur ce point la pensée orientale diffère considérablement, quand il s’agit d’apprécier l’importance du rien. La Vacuité, expliquent les grands textes indiens, est sous-jacente à toutes choses. C’est de la Vacuité qu’émergent le monde des formes et l’Univers infini. S’il y a quelque chose, c’est à partir de la Vacuité. La vacuité n’est pas un simple vide d’objet, mais un potentiel infini de formes. Dès lors, la pensée indienne situe justement la Plénitude absolue de la Conscience dans l’immersion dans la Vacuité.
Est-ce à dire que l’existence doive être pensée à partir du Rien ? Est-ce une peur très occidentale qui nous maintient à distance de la plénitude de l’existence dans la Vacuité ? Dans quelle mesure l’existence enveloppe-t-elle aussi le vide ?
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Bonjour,
Le néant (= l'idée du rien absolu, l'absence totale de quoi que ce soit) n'est autre qu'un concept métaphysique qui ne renvoie à rien de concret, puisque ce qui existe, par le fait même d'exister, est nécessairement autre chose que rien.
Il faut donc considérer le néant comme une pure abstraction, construite en opposition à la notion d'être, qui elle, englobe toute possibilité de réalité effective.
< En fait, rien ne "provient du néant" justement parce que l'être n'est pas une chose figée :-) L'être, c'est TOUT ce qui est ; et sa réalité, un processus en devenir, plénitude dynamique fluide en laquelle tout change et se meut. Ce qui naît, ce qui vit, ce qui meurt, ne surgit pas du néant pour être, puis retourner au néant : cela, c'est l'apparence phénoménale imposée par notre subjectivité (De ce point de vue du sujet egocentré naît l'angoisse existentielle) . Or il y a seulement transition de forme au sein d'un tout unique : c'est ce que (après les mystiques extrême-orientales) nous enseignent les découvertes de la physique contemporaine (théories de la relativité et des quanta, corroborées par l'expérience scientifique).
< Le concept de néant diffère fondamentalement de la notion de vacuité : la vacuité, c'est le vide de forme, c'est le "non être" compris non pas en tant qu'absence d'être, mais absence de manifestation de l'être, par opposition à l'être manifesté, le monde des formes sensibles. Ou si l'on veut, c'est, de l'être, le "contenant" invisible du "contenu" perceptible :-)
@ Loin de moi l'ambition de débattre avec Carfantan :-)) Qui plus est, sa description de la vacuité me semble valide ; c'est seulement l'assimilation avec la notion de néant que je trouve contestable.
Donc, clairement, non le néant n'est pas identique à la vacuité : le néant serait l'antithèse (abstraite) de l'être ; alors que la vacuité est un "aspect" de l'être, ou plutôt, l'être en tant qu'il est mais n'apparaît pas.
Par exemple, sur le plan de la théorie scientifique : selon David Bohm, physicien, un centimètre cube de vide contient plus d'énergie que toute la matière constatée dans l'univers. Mais cette énergie est latente, elle n'est pas manifeste sous une forme mesurable : vous conviendrez que c'est radicalement différent de l'absence totale d'énergie qu'impliquerait l'absence d'être (= le néant).
Sur le plan de l'expérience subjective : le néant désigne un concept exclusivement théorique, en ce sens que nul ne peut même comprendre ce qu'il pourrait effectivement recouvrir ; essayez d'imaginer le néant : c'est impossible. En revanche, la vacuité correspond à un état de conscience (méditatif et contemplatif) qu'ont pu éprouver bien des êtres humains au cours de leur recherche spirituelle, et dont les témoignages abondent...
Le cerveau d'un créationiste
L'absence de tout ou la présence de rien ... ?
Je m'interroge depuis longtemps à ce sujet !
Maurice Chapelan
« Le néant se nie s'il se nomme. »
Le néant ne serait pas sencé avoir de définition, dans l'absolu.
Ce mot fait peur à beaucoup de gens justement parce qu'aucune définition ne peut définir ce qui n'existe pas alors qu'un mot existe dans le dictionnaire.
Je le vois plus comme un symbole du rien. Mais c'est contradictoire parce que le " rien " est déjà quelque-chose alors que le néant n'est rien d'autre que le néant.
" La notion de néant est directement et indissociablement liée à la notion d'existence. Évoquer le néant revient à révoquer l'existence et réciproquement. "
On tourne en rond en évoquant le néant.
Adolescente, ce mot m'inquiétait, m'angoissait même parfois, de par l'impossibilité à l'imaginer, à en construire une structure qui me le rende accessible. Combien de pirouettes intellectuelles j'ai pu faire pour bâtir un pont entre ce mot et ma compréhension.
Steevy Boulay
"État d'inexistence des êtres et des choses" ou "absence absolue" disent les dictionnaires... mais en vrai comment savoir ?
C'est si vaste qu'on peut difficilement imaginer à quoi ça ressemble, et notre petite imagination au ras de ce qui existe ne peut même pas concevoir ce "rien".
Je me souviens d'une chose de mes lointains cours de philo qui m'avait beaucoup marquée. Pour nous parler de Beckett, le prof avait dit "Ce n'est pas qu'il ne se passe rien, c'est "rien" qui se passe"... du latin "rem" qui signifie "quelque chose".
Pour moi, le néant c'est pareil : un "quelque chose" tout à fait indéfini et impossible à appréhender clairement.
la 1ère seconde de la mort
Le rien, c’est comme la frontière du néant. Il faut donc s’accrocher à quelque chose plutôt qu’à rien. Par définition un « rien » ne permet pas d’accrocher quoique ce soit ! Il semble que cette angoisse devant le rien soit la même que celle qui est présente dans la métaphysique. La question que posent déjà les premiers philosophes est en effet invariablement : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?
Et si le rien était premier ? Il est étrange de voir que sur ce point la pensée orientale diffère considérablement, quand il s’agit d’apprécier l’importance du rien. La Vacuité, expliquent les grands textes indiens, est sous-jacente à toutes choses. C’est de la Vacuité qu’émergent le monde des formes et l’Univers infini. S’il y a quelque chose, c’est à partir de la Vacuité. La vacuité n’est pas un simple vide d’objet, mais un potentiel infini de formes. Dès lors, la pensée indienne situe justement la Plénitude absolue de la Conscience dans l’immersion dans la Vacuité.
Est-ce à dire que l’existence doive être pensée à partir du Rien ? Est-ce une peur très occidentale qui nous maintient à distance de la plénitude de l’existence dans la Vacuité ? Dans quelle mesure l’existence enveloppe-t-elle aussi le vide ?
un mot dans le dictionnaire.... inexistence?
le néant n'existe pas..