LXXXV - L'Horloge
Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit : " Souviens-toi !
Les vibrantes Douleurs dans ton cœur plein d'effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible ;
Le Plaisir vaporeux fuira vers l'horizon
Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse ;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison.
Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote : Souviens-toi ! - Rapide, avec sa voix
D'insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois,
Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !
Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor !
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or !
Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c'est la loi.
Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi !
Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.
Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard,
Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le Repentir même (oh ! la dernière auberge !),
Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! "
Charles Baudelaire
https://www.youtube.com/watch?v=ibGdwpGPqbg
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Answers & Comments
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Coucou Armand,
Je trouve ce poème d'un réalisme fou.. Il serait bon que nous, simples mortels, nous pensions plus à notre impermanence.. Ainsi, nous comprendrions peut être plus souvent que le bonheur est dans l'être et non pas dans l'avoir ☺
https://www.youtube.com/watch?v=KVwsLWkjrt8
https://www.youtube.com/watch?v=jafrm22Zt7A
A l'échelle de l'histoire du monde, cet accéléré nous renvoie à ce que nous sommes: un infime maillon juste de passage.
Bonne soirée, bisous ☺
Bonsoir Armand.
Un peu de prose pour parler du :
Le temps,
Je le sens qui m'entoure, m'enserre, m'interdit de regarder en arrière, je suis privée du miroir à l'envers, fébrile bête immonde, je n'ai point d'arme contre toi, tu m'épies à chaque tournant de rue, je te chasse à coup de tromperie et de bistouri, rien y fait... L'horloge de ma vie refuse de faire une pause, alors je veux voir cet extraordinaire et mystérieux secret de la vie, moi, je peux te ralentir le temps, si je parcours chaque seconde de ton battement, alors j'aurais gagné le droit de te regarder en face.
c?était mon sujet de bac en 1996...
j'ai toujours aimé cette merveilleuse poésie, j'en ai une photocopie jaunie dans mon portefeuille que je relie à chaque fois que mon train est en retard... ;)
Malheureusement, comme l'a justement écrit le musicien H. Berlioz :
" Le temps est un grand maître, dit- on . Le malheur est qu'il tue ses élèves. "
----------------( Almanach des Lettres françaises , mai 1924 )
aucunement
m'interpèle aucunement à côté de Lewis Caroll
Quel rapport avec le grand Baudelaire ! Chamfort est un nain !
JE ME CONTENTE APPRÉCIER LES POÈMES DE BAUDELAIRE...
bonjour Armand
je viens trop tard mais ce n'est pas grave car Elidal mérite haut la main la MR
heureusement que tu t'es empressé de la clôturer
mais yahoo est comme ça il permet de répondre même si la question est fermée par le questionneur
Baudelaire restera mon poète préféré et si j'avais envie de répondre même la question clôturée c'est juste pour dire que tout les poèmes que Baudelaire a écrit sur le spleen la tristesse l'ennui le guignon - ne le met pas en acteur - certes avec son passé d'utilisateur de substances illicites - son paradigme - son paradis artificiel -
il est poète et se permet de tel description dans ses oeuvres - la plupart inspirées par des toiles de grands peintres - Baudelaire est - depuis qu'il a commencé à traduire Poe - un décrypteur de sensation - qui déchire l'être humain entre deux pôles inconciliables => cette aspiration de l'Homme à l'infini - et cet emprisonnement à sa condition matérielle - Baudelaire en voyant et côtoyant cela - trouve que l'homme est condamné à un éternel retour en lui-même. il connaît des moments d’élévation ( comme le poète le décrit par l'Art - l'Amour la Beauté) mais c'est toujours pour la plupart des gens le spleen qui prend le dessus
et Baudelaire boit tout ça et se nourrit de ça - s'inspire et révèle dans ses fantastiques poèmes - le faisant aller jusqu' à l'infini se questionnant et nous questionnant par la même occasion -
Baudelaire est le poète et non pas l'acteur de ses poèmes
MERCI Armand d'avoir mis en ligne cette oeuvre MAGNIFIQUE
l'Horloge - pour mieux démontrer qu'il n'y a aucune échappatoire vers l'idéal
et ce va-et-vient de l'idéal au spleen est comme le balancement éternel de l'horloge
je te souhaite un bon dimanche et une bonne fête des pères
Celle de M. Farmer est plus sexy.