–
https://www.youtube.com/watch?v=klPZIGQcrHA
XIII
Cadaver
Ô mort ! heure splendide ! ô rayons mortuaires !
Avez-vous quelquefois soulevé des suaires ?
Et, pendant qu’on pleurait, et qu’au chevet du lit,
Frères, amis, enfants, la mère qui pâlit,
Éperdus, sanglotaient dans le deuil qui les navre,
Avez-vous regardé sourire le cadavre ?
Tout à l’heure il râlait, se tordait, étouffait ;
Maintenant il rayonne. Abîme ! qui donc fait
Cette lueur qu’a l’homme en entrant dans les ombres ?
Qu’est-ce que le sépulcre ? et d’où vient, penseurs sombres,
Cette sérénité formidable des morts ?
C’est que le secret s’ouvre et que l’être est dehors ;
C’est que l’âme — qui voit, puis brille, puis flamboie, —
Rit, et que le corps même a sa terrible joie.
La chair se dit : — Je vais être terre, et germer,
Et fleurir comme sève, et, comme fleur, aimer !
Je vais me rajeunir dans la jeunesse énorme
Du buisson, de l’eau vive, et du chêne, et de l’orme,
Et me répandre aux lacs, aux flots, aux monts, aux prés,
Aux rochers, aux splendeurs des grands couchants pourprés,
Aux ravins, aux halliers, aux brises de la nue,
Aux murmures profonds de la vie inconnue !
Je vais être oiseau, vent, cri des eaux, bruit des cieux,
Et palpitation du tout prodigieux ! —
Update:Les os ont déjà pris la majesté des marbres ;
La chevelure sent le grand frisson des arbres,
Et songe aux cerfs errants, au lierre, aux nids chantants
Qui vont l’emplir du souffle adoré du printemps.
Et voyez le regard, qu’une ombre étrange voile,
Et qui, mystérieux, semble un lever d’étoile !
Oui, Dieu le veut, la mort, c’est l’ineffable chant
De l’âme et de la bête à la fin se lâchant ;
Update 3:Le roseau des étangs, le roc du monticule,
L’épanouissement sombre du crépuscule,
Le vent, souffle farouche ou providentiel,
L’air, la terre, le feu, l’eau, tout, même le ciel,
Se mêle à cette chair qui devient solennelle.
Un commencement d’astre éclôt dans la prunelle.
Au cimetière, août 1855 victor Hugo les contemplations au bord de linfini
Copyright © 2024 1QUIZZ.COM - All rights reserved.
Answers & Comments
D'unregard contemplatif, serein et plein de certitude ...Celui de l'Aigle sur les hautes cimes....
"J'ai cueilli cette fleur pour toi sur la colline.
Dans l'âpre escarpement qui sur le flot s'incline,
Que l'aigle connaît seul et peut seul approcher,
Paisible, elle croissait aux fentes du rocher.
L'ombre baignait les flancs du morne promontoire
Je voyais, comme on dresse au lieu d'unevictoire
Un grand arc de triomphe éclatant et vermeil,
A l'endroit où s'était englouti le soleil,
La sombre nuit bâtir un porche de nuées.
Des voiles s'enfuyaient, au loin diminuées
Quelques toits, s'éclairant au fond d'un entonnoir,
Semblaient craindre de luire et de se laisser voir.
J'ai cueilli cette fleur pour toi, ma bien-aimée.
Elle est pâle et n'a pas de corole embaumée.
Sa racine n'a pris sur la crête des monts
Que l'amère senteur des glauques goémons;
Moi, j'ai dit: " Pauvre fleur, du haut de cette cime,
Tu devais t'en aller dans cet immense abime
Où l'algue et le nuage et les voiles s'en vont.
Va mourir sur un coeur, abime plus profond.
Fane-toi sur ce sein en qui palpite un monde.
Le ciel, qui te créa pour t'effeuiller dans l'onde,
Te fit pour l'océan, je te donne à l'amour"
Le vent mêlait les flots; il ne restait du jour
Qu'une vague lueur, lentement effacée.
Oh! comme j'étais triste au fond de ma pensée
Tandis que je songeais, et que le gouffre noir
M'entrait dans l'âme avec tous les frissons du soir !"
Victor Hugo
(Les Contemplations Livre V )
bonjour Armand
MERCI pour le sublime poème du non moins sublime Victor Hugo - d'ailleurs je pense comme je ne retrouve plus mes "contemplations" que ma fille a dû me les "emprunter" sans demander mon avis -
qu'à cela ne tienne - tu as mis sur la toile l'un des plus prestigieux poèmes de ce recueil.
on peut contempler le bord de l'infini et même au-delà de l'infini -car à chaque horizon il y en un autre qui se profile comme on dit à l'infini - ad - infinitum :'"perso- je ne retiens rien de la mort mais de l'infini" "Nisi mors retineo infinitum" - "à moins que la mort attende indéfiniment"* (Réhane Gorid*)
j'ouvre juste une petite parenthèse si tu permets => cadaver ici est en latin - se rapportant à "mors" - parce qu'en fait en anglais on dit "corpse" pour un cadavre dans un sens mélioratif
n'est-ce pas une ode à la réincarnation ?- on dira dans notre XXIème siècle qu'il s'agit d'un recyclage
dis moi... une simple théorie dans un scribouillage… ça te dis ?
Une Essence qui ne meurt jamais...
Puisque le corps devenu poussière
Est mélangé à la fange de la terre
Là où les ronces prennent racines
Par la volonté de L’Essence Divine
Ce qui avant coulait en sang dans les veines
Coule en sève dans l’aubépine et le troène -
Monte vers cette lumière diaphane
Monte avec force et s’élance en liane
S’accrochant aux squelettes des baliveaux
Cette arborescence les fera revivre à nouveau
Les plaines et les bois seront sa demeure
Dans ce monde rien ne se perd, rien ne meurt
S’élevant des ravins dans cette Nature,
Prenant l’assaut du bleu de l’azur...
En perpétuelle recommencement vital
Où s’entendent les battements du végétal
Les battements de ce cœur enflé de sève
Incarnation d’un jour qui se lève...
Dans ces buissons, dans cette glèbe
N’est-ce pas là où se trouve toute une plèbe…
Redonnant à la Nature tout son cachet,
Où sous la terre plus rien n’est caché?
Qui s’étonne du bourgeon ou de la feuille
Sous un chaud soleil où rien n’est en deuil ?
Tout rayonne… tout virevolte... tout revit,
Les oiseaux dans les branchages font leur nid,
Tout est en émoi… les insectes butinent
Les fleurs ouvrant leur corolles mutines…
La mort n’est qu’un cap. La vie est éternelle
Lorsque notre enveloppe charnelle
Dans la rosée du matin redevient poussière
Et se mêle à la fange de la terre…
Copyrights© Riha de Jade
on pourrait aimer chaque fleur chaque arbre dans la Nature et rien ne sera abîmé puisque même lorsque le blé est glané il reste le fourrage et tout est en recyclage - même l'herbe du gazon tondue devient compost
- tu vois c'est un peu tiré par les cheveux je l'avoue mais c'est une inspiration dont je REMERCIE et remercie Victor Hugo -cependant je n'en démordrai pas comment tous ces corps resteraient-ils jusqu'à la fin des temps sans qu'il y ait une nouvelle naissance - sans que toute cette végétation vienne certes des graines semées par les oiseaux.. par le vent la pollinisation- et sans que la terre ne donne pas un coup de pouce à l'aide de la pluie et du soleil avec tous ces corps en état de poussière ne contribuent-ils pas à la Nature ?
tout comme ce pissenlit poussant en plein milieu d'une chaussée peut-être y avait-il dessous un ancien cimetière????
la Nature se rebiffe... et réclame ses droits...
http://topibuzz.com/static/poster/content/fleur-go...
pardonne moi... lorsque je lâche la bride à mon imagination - elle part en vrille et j'ai du mal à la retenir... :-)
https://www.youtube.com/watch?v=JYBj-Gz4WCs
passe un bon mardi
C'est étrange comme la conscience de l'homme s'est scindée en deux, qui toutes les deux ont conscience de leur paradis et de leur origine. Ainsi la lumière n'aspire qu'à l'éternité et la chair à sa pérennité perdue, lorsqu'elle est partie du jardin, elle se souvient de la terre dont elle a été crée.
Et l'homme, cette terre d'union, c'est comme un petit miracle, tiraillé entre un au-delà et un en-deçà...alors qu'il est le trait, le trait d'union entre les deux et qu'il n'a pas à choisir de quel coté pencher, il est des deux sans n'être plus tout à fait ici et là, entre les deux, pleurant le ici et le là :)
Mais pourquoi pas ? :)
....rire de tout ça
Et se dire qu'après tout
Nous sommes entre nous
Et tous un peu las
De paver l'histoire
De nos vies et de nos morts
D'avoir envie et d'avoir tord
De tout laisser choir
Entre la chenille
Et l'envol du papillon
Il y a ce cocon
Et une âme en bouillie
Victor se voit en fleur
Musset en buisson ardent
Et toi Armand
Quel est ce songe qui affleure ?
Un jour on m'a demandé
- As-tu peur de mourir ?
- Non, j'ai peur de faillir
Je crains de ne pas y arriver
- A quoi ?
- A mourir vraiment :o)
...................................................
Merci d'avoir posté ce génial poème de Hugo, c'est un régal :) et pour la sarabande, cette musique a toujours eu le don de me faire pleurer, je l'adore mais je la crains aussi pour ça... mais cette fois elle m'a fait repenser à Barry Lyndon, ce film retraçant une vie parmi les autres, une histoire dans l'histoire :)
Bonne soirée
Bonsoir Armand,
Tout d'abord ne connaissant pas ce poème, j'ai cru que tu avais inversé les lettres de cadavre mais non c'est bien cadaver... Néologisme de Victor Hugo? Il faut dire que cette façon d'envisager la mort est réconfortante, c'est presque joyeux! Je n'avais jamais rien lu de tel concernant la mort, c'est surprenant mais tellement beau. Ca rejoint la démarche bouddhiste de l'approche de la mort, ça me plait bien ☺
Mais pour l'instant comme disait Georges Brassens, la vie est à peu près notre seul luxe ici bas..
La Mort et le Bûcheron
Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?
Point de pain quelquefois, et jamais de repos.
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Le créancier, et la corvée
Lui font d'un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la mort, elle vient sans tarder,
Lui demande ce qu'il faut faire
C'est, dit-il, afin de m'aider
A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère.
Le trépas vient tout guérir ;
Mais ne bougeons d'où nous sommes.
Plutôt souffrir que mourir,
C'est la devise des hommes.
Jean de la Fontaine
Bonne soirée Armand! ☺
https://www.youtube.com/watch?v=klPZIGQcrHA
La tombe.
Quand au jour de ma mort on apportera ma bière (cercueil),
Ne va pas t'imaginer que je pleure sur ce monde.
Ne t'afflige pas pour moi, ne dis pas : " Malheur, malheur ! "
Tu tomberais dans le piège du démon, cela, c'est le malheur.
Quand tu verras mon cadavre, ne t'écrie pas : " Parti, parti ! "
L'union et La rencontre seront miennes à présent.
Quand tu me confieras à la tombe, ne dis pas : "Adieu, adieu ! "
Car la tombe est un voile cachant l'assemblée du Paradis.
Après avoir vu la descente, contemple l'ascension.
Pourquoi le coucher de la lune et du soleil leur causerait- il du tort ?
Ce qui te parait un coucher en réalité est une aurore.
Bien que la tombe te semble une prison, c'est la libération de l’âme.
Quelle graine fut semée dans la terre qui n'ait poussé ?
Pourquoi avoir ce doute au sujet de la graine qu'est l'homme ?
Quel seau n'a été plongé dans l'eau sans ressortir débordant ?
Pourquoi le Joseph de l'esprit se plaindrait-il du puits ?
Puisque tu as fermé la bouche de ce côté, ouvre-la de l'autre
Afin qu'au-delà de l'espace retentisse ton cri de victoire.
PAROLES DE RUMI.
https://youtu.be/k1-TrAvp_xs
je me permets de mettre cette vidéo qui correspond au poème publié merci:
comtemples le avec tes mots et- non de ces morts ! laisses les en Paix ! Incapables de poétiser morts assurées!
La vie est un éclair entre deux néants. Vivons et vivons bien:
"Celui-là vivra maître de lui et heureux à qui il est permis chaque jour de dire "J'ai vécu (Horace)
Bonsoir Armand
117- Avec ma peine,
Marcher, marcher longtemps sans se retourner
Ne point oser respirer de peur de déranger la nature
Avancer sans regarder en arrière, sans penser
Plonger son âme dans les profondeurs de l’azur
Puis cesser son mouvement, cesser d’avancer
Suspendre son temps, suspendre sa vie
Ne plus avoir besoin de ses yeux, son ouie
Flotter dans l’éther, ne plus sentir son corps
Devenir un être vivant dans la mort
Fuir à jamais le monde de la Terre
Ne plus entendre son murmure
Fermer son cœur, sa voix, sa raison
Plonger dans le plus grand des mystères
Marcher, marcher longtemps sans exister
Poser les valises de la trompeuse identité
Laisser ce monde derrière soi sans remord
Dans la joie, aller vers la douce mort
Partir ! Partir en oubliant ses souvenirs
Ne plus implorer la vaine pitié
Ne plus subir leur immense cruauté
Loin, sans jamais avoir existé.
Avec ma peine,
Le 22 septembre 2014
Line