Cela semble un peu paradoxal, mais ces deux "fonctions" sont inséparables l'une de l'autre.
Bien sûr, on dit toujours qu'on lit un roman pour se créer une "parenthèse enchantée" dans le quotidien, surtout quand celui-ci ne satisfait que médiocrement. La fuite devant le réel à la "Emma Bovary" n'est pas aussi rare qu'on veut bien le croire. Il n'y a qu'à voir le succès mondial, phénoménal, de ces "collections" roses ou bleues tournant autour de personnages stéréotypés, et se terminant toujours à la manière des contes d'autrefois, par la défaite cuisante du "méchant" (en l'occurrence, ici, de la "méchante" brune cherchant à séparer la petite blonde sincère et têtue et l'arrogant jeune premier au menton volontaire) et le mariage tant retardé et tant attendu...
Mais, au-delà de ceci, il n'en reste pas moins vrai qu'un roman, non seulement explique le réel, en le montrant sous des schémas psychologiques, sociaux, ou politiques, parfaitement clairs, aisément repérables et compréhensibles, mais il permet également au lecteur d'établir des comparaisons avec son propre vécu.Et de réagir...
Ces comparaisons, en faisant réfléchir à la situation individuelle, peuvent mener loin. Ce n'est certes pas sans raison qu'il n'y a pas si longtemps, les parents "bien-pensants", suivant en cela les prescriptions de la société patriarcale, interdisaient à leurs filles la lecture des romans: pour ne pas "leur ouvrir les yeux" sur certaines réalités, disait-on. Oui, et surtout pour ne pas leur faire savoir qu'elles pouvaient vivre autrement, qu'elles pouvaient s'épanouir autrement...Il fallait les garder bien ignorantes, bien sottes, et bien obéissantes. Imagine-t-on, d'une autre part, des propriétaires d'esclaves conscients de leurs prérogatives et voulant les préserver, laissant leurs hommes de peine lire "La Case de l'Oncle Tom"?
Ce comportement "prudent" peut être compris en plus large: l'autorité politique "à l'ancienne" le suit aussi: les lecteurs de Voltaire et des Encyclopédistes, au 18ème siècle, en savaient quelque chose! Et ce personnage de dévot fanatique de Youssouf Chéribi, qui fait de la lecture un danger mortel, n'est pas seulement une caricature!
Là aussi, ce n'est pas sans raison que des auteurs de romans, de Rabelais à T. Mann ou à Soljenytsyne, se sont trouvés pourchassés, se sont vus obligés de s'exiler, ou de jouer à cache-cache avec un pouvoir quelconque.
Answers & Comments
Verified answer
Cela semble un peu paradoxal, mais ces deux "fonctions" sont inséparables l'une de l'autre.
Bien sûr, on dit toujours qu'on lit un roman pour se créer une "parenthèse enchantée" dans le quotidien, surtout quand celui-ci ne satisfait que médiocrement. La fuite devant le réel à la "Emma Bovary" n'est pas aussi rare qu'on veut bien le croire. Il n'y a qu'à voir le succès mondial, phénoménal, de ces "collections" roses ou bleues tournant autour de personnages stéréotypés, et se terminant toujours à la manière des contes d'autrefois, par la défaite cuisante du "méchant" (en l'occurrence, ici, de la "méchante" brune cherchant à séparer la petite blonde sincère et têtue et l'arrogant jeune premier au menton volontaire) et le mariage tant retardé et tant attendu...
Mais, au-delà de ceci, il n'en reste pas moins vrai qu'un roman, non seulement explique le réel, en le montrant sous des schémas psychologiques, sociaux, ou politiques, parfaitement clairs, aisément repérables et compréhensibles, mais il permet également au lecteur d'établir des comparaisons avec son propre vécu.Et de réagir...
Ces comparaisons, en faisant réfléchir à la situation individuelle, peuvent mener loin. Ce n'est certes pas sans raison qu'il n'y a pas si longtemps, les parents "bien-pensants", suivant en cela les prescriptions de la société patriarcale, interdisaient à leurs filles la lecture des romans: pour ne pas "leur ouvrir les yeux" sur certaines réalités, disait-on. Oui, et surtout pour ne pas leur faire savoir qu'elles pouvaient vivre autrement, qu'elles pouvaient s'épanouir autrement...Il fallait les garder bien ignorantes, bien sottes, et bien obéissantes. Imagine-t-on, d'une autre part, des propriétaires d'esclaves conscients de leurs prérogatives et voulant les préserver, laissant leurs hommes de peine lire "La Case de l'Oncle Tom"?
Ce comportement "prudent" peut être compris en plus large: l'autorité politique "à l'ancienne" le suit aussi: les lecteurs de Voltaire et des Encyclopédistes, au 18ème siècle, en savaient quelque chose! Et ce personnage de dévot fanatique de Youssouf Chéribi, qui fait de la lecture un danger mortel, n'est pas seulement une caricature!
Là aussi, ce n'est pas sans raison que des auteurs de romans, de Rabelais à T. Mann ou à Soljenytsyne, se sont trouvés pourchassés, se sont vus obligés de s'exiler, ou de jouer à cache-cache avec un pouvoir quelconque.
Leurs oeuvres expliquent trop bien le réel...
quoiqu'il en soit le roman nous apprend quelque chose sur le réel que ce soit sur le fonctionnement de l'imagination, sur l'écrivain, ou si c'est un roman réaliste en tant que tentative d'explication de la réalité sociale ou intime....
et sûr qu'un roman peut te faire voyager très loin de ton réel particulier, en même temps si tu y es sensible, c'est que quelque part ce "réel" du roman correspond à quelque chose en toi...
le roman permet donc d'affiner, de raffiner et de complexifier la sensibilité ce qui ne veut pas dire que la sensibilité est plus réaliste comme on le constate souvent en écoutant des "littéraires" :)
le roman est pluriel. Il est inutile d'y accoler une étiquette. Il est avant tout l'expression d'une imagination en éveil, exacerbé dans les mots. Il est une impression sur une société ou sur un fait intime. Il n'est jamais neutre. Le roman nous invite à ouvrir les porte de l'interpretation. Il n'est pas une image qui décrit, il invite à une reconstruction permanente des personnages et des lieux que l'on visite. Si on devait lui donner un image picturale ce serait impression soleil levant, et pas un portrait , reflet du réel ou on s'attache au détail
En gros,un écrivain à travers ses écrits propose sa vision du monde, il tente de modifier, d'apporter un éclaircissement sur le sujet qu'il traite.
Pour répondre à la première partie de ta question, je dirai oui, l'écrivain essaye de nous faire changer nos regards et nos opinions, toi en tant que réceptrice lectrice , soit tu acceptes soit tu refuses.
Quant à la deuxième partie, il en est de meme car le texte littéraire à savoir le roman, est un outil dont se sert l'écrivain pour éclaircir, dénoncer, expliquer entre autres notre "réel" comme tu dis , tout en tenant en compte l' appartenance sociale, culturelle, religieuses de l'écrivain.
Salut!
Ca serait un bon sujet de dissertation ça
tous dépend 1ère du livre et 2ème de l'auteur :
-son style
-son image de la vie
-ses goûts etc
moi je pense que les romans on comme devoir de nous "libéré" de notre vie quotidienne de la vie de tout les jours de nous sortir du réelle après c'est comme on veut. Chacun a un point de vue par rapport aux romans. bon courage
Tout les deux. ça dépend du style de l'auteur et tout ça.
C'est un loisir,un passe temps,une détente, comme aller voir un match,aller au théâtre ou au cinéma.C'est pour satisfaire un des besoins humains de distraction et de plaisir de nos sens,s'oublier,s'évader.
les deux je pense
oui fortement oui
Pour moi c'est comme un voyage, une évasion, une émotion.
Avec un bon roman je m'évade vers un ailleurs, vers l'inconnu et j'y fais des tas de rencontres inoubliables.