Je pense que Smith ou Tocqueville ne peuvent être considérés comme des "pivots" du libéralisme ; ils n'en sont que des étapes.
A l'origine le libéralisme est d'ordre strictement politique, en réaction au pouvoir "souverain" excessif.
Dès ce moment, il se développe une certaine confusion qui associe "liberté" et "propriété" alors même que ces termes sont plutôt antonymes puisque la propriété des uns tend, nécessairement, à restreindre la liberté des autres.
Par la suite, suivant les courants littéraires et philosophiques, l'homme et ses activités vont tenir une place de plus en plus grande dans les théories du libéralisme, avant d'aboutir à un "libéralisme économique" teinté d'utopie et d'idéologie.
Pour exemple : "l'ordre naturel des choses tend à conduire le système économique vers l'équilibre", ou encore "la liberté des marchés et la libre concurrence, sont censées garantir l'ajustement de l'offre à la demande".
Tenir ce genre de théorie économique (...que l'on enseigne toujours à nos étudiants...) pour base d'un libéralisme immuable, c'est faire fi des évolutions sociétales :
- la Publicité est un vecteur perturbant susceptible de rompre à la fois "l'ordre naturel des choses" et "l'équilibre entre l'offre et la demande" ; dans nos sociétés actuelles, la publicité fait partie de notre quotidien, elle est quasiment un modus vivendi alors qu'elle n'était qu'embryonnaire à l'époque où se développaient ces théories ; je citerai pour exemple l'énorme fiasco du 1er appareil photo grand public à développement instantané Kodak (dans les années 70/80) à une époque où toute la Pub. portait sur la profondeur du champ et les objectifs (et l’engouement pour le "grand angle" ou "l'oeil de poisson") ;
- la Bourse, qui ne constituait à l'époque qu'un marché d'échange de matières premières entre industriels, est devenu une simple place de mouvements financiers ; l'indice boursier, lui-même, est devenu un "indice économique" alors qu'il n'est plus qu'un indice strictement "financier" ;
- la Monnaie, valeur d'échange, a totalement disparu pour faire place à une "masse monétaire" dans laquelle dettes et créances s'additionnent ;
- nos unités de mesure, comme le PIB reposant sur des principes obsolètes, sont totalement faussés puisqu'ils excluent les coûts de la dépollution ou le coût de l'épuisement des ressources primaires (par exemple).
Qu'on en prenne conscience ou pas, les valeurs de cette époque de référence ont totalement disparu ; nos propres valeurs sont obsolètes ; les notions qui prévalent aujourd'hui n'ont pas de nom : on utilise des appellations anciennes qui créent la confusion.
Je considère qu'un homme politique qui vient, aujourd'hui, nous tenir des discours sur le "libéralisme", est un anachronisme : ou il est totalement périmé et bon à jeter parce qu'il s'appuie sur des notions vieilles de plus d'un siècle, ou il tente de nous tromper délibérément.
Dans tous les cas, ce n'est pas lui qui oeuvrera pour notre futur, ni même qui en sèmera les graines.
Le libéralisme en France est la droite de l'argent, et aux USA la gauche socialiste.
L'un ou l'autre ne peut rester fidèle à Adam Smith ou Tocqueville, car ces deux auteurs ne donnent pas toutes les clefs pour construire une pensée du 21ième siècle. On peut admirer leur capacité d'analyse et les relire avec intérêt, mais ce ne sont pas des modèles pour l'action.
Parce que la doctrine (en économie en tout cas) a beaucoup évolué, notamment sous l'influence de Pareto, Hayek, Samuelson entre autres, et aussi tous les autres de l'école de Chicago. Non sans arrière-pensées idéologiques, bien sûr. Certains libéraux justifient ainsi moralement les inégalités sous prétexte qu'elles stimuleraient l'activité, ce qui reste à prouver d'ailleurs, même si l'idée court sous diverses formes depuis l’époque de Mr Say.
Answers & Comments
Parce que l'état ne fait plus respecter le Droit. La ploutocratie a réussi à le corrompre.
Je pense que Smith ou Tocqueville ne peuvent être considérés comme des "pivots" du libéralisme ; ils n'en sont que des étapes.
A l'origine le libéralisme est d'ordre strictement politique, en réaction au pouvoir "souverain" excessif.
Dès ce moment, il se développe une certaine confusion qui associe "liberté" et "propriété" alors même que ces termes sont plutôt antonymes puisque la propriété des uns tend, nécessairement, à restreindre la liberté des autres.
Par la suite, suivant les courants littéraires et philosophiques, l'homme et ses activités vont tenir une place de plus en plus grande dans les théories du libéralisme, avant d'aboutir à un "libéralisme économique" teinté d'utopie et d'idéologie.
Pour exemple : "l'ordre naturel des choses tend à conduire le système économique vers l'équilibre", ou encore "la liberté des marchés et la libre concurrence, sont censées garantir l'ajustement de l'offre à la demande".
Tenir ce genre de théorie économique (...que l'on enseigne toujours à nos étudiants...) pour base d'un libéralisme immuable, c'est faire fi des évolutions sociétales :
- la Publicité est un vecteur perturbant susceptible de rompre à la fois "l'ordre naturel des choses" et "l'équilibre entre l'offre et la demande" ; dans nos sociétés actuelles, la publicité fait partie de notre quotidien, elle est quasiment un modus vivendi alors qu'elle n'était qu'embryonnaire à l'époque où se développaient ces théories ; je citerai pour exemple l'énorme fiasco du 1er appareil photo grand public à développement instantané Kodak (dans les années 70/80) à une époque où toute la Pub. portait sur la profondeur du champ et les objectifs (et l’engouement pour le "grand angle" ou "l'oeil de poisson") ;
- la Bourse, qui ne constituait à l'époque qu'un marché d'échange de matières premières entre industriels, est devenu une simple place de mouvements financiers ; l'indice boursier, lui-même, est devenu un "indice économique" alors qu'il n'est plus qu'un indice strictement "financier" ;
- la Monnaie, valeur d'échange, a totalement disparu pour faire place à une "masse monétaire" dans laquelle dettes et créances s'additionnent ;
- nos unités de mesure, comme le PIB reposant sur des principes obsolètes, sont totalement faussés puisqu'ils excluent les coûts de la dépollution ou le coût de l'épuisement des ressources primaires (par exemple).
Qu'on en prenne conscience ou pas, les valeurs de cette époque de référence ont totalement disparu ; nos propres valeurs sont obsolètes ; les notions qui prévalent aujourd'hui n'ont pas de nom : on utilise des appellations anciennes qui créent la confusion.
Je considère qu'un homme politique qui vient, aujourd'hui, nous tenir des discours sur le "libéralisme", est un anachronisme : ou il est totalement périmé et bon à jeter parce qu'il s'appuie sur des notions vieilles de plus d'un siècle, ou il tente de nous tromper délibérément.
Dans tous les cas, ce n'est pas lui qui oeuvrera pour notre futur, ni même qui en sèmera les graines.
Le libéralisme en France est la droite de l'argent, et aux USA la gauche socialiste.
L'un ou l'autre ne peut rester fidèle à Adam Smith ou Tocqueville, car ces deux auteurs ne donnent pas toutes les clefs pour construire une pensée du 21ième siècle. On peut admirer leur capacité d'analyse et les relire avec intérêt, mais ce ne sont pas des modèles pour l'action.
pour des raisons des intérêts
le fric
Parce que la doctrine (en économie en tout cas) a beaucoup évolué, notamment sous l'influence de Pareto, Hayek, Samuelson entre autres, et aussi tous les autres de l'école de Chicago. Non sans arrière-pensées idéologiques, bien sûr. Certains libéraux justifient ainsi moralement les inégalités sous prétexte qu'elles stimuleraient l'activité, ce qui reste à prouver d'ailleurs, même si l'idée court sous diverses formes depuis l’époque de Mr Say.
parceque le pognon, spa fait pour les pauvres