Adieu à toi, ma douce lunette,

Qui trônais fière dans les toilettes.

Il nous faut hélas nous séparer,

Puisque ton corps s’est fissuré.

J’aurais aimé ne point te quitter,

O ami(b)e de mes diarrhées.

Tu n’as jamais refusé mes fesses,

Au contraire de toutes ces diablesses,

A qui mon cœur je voulus confier.

Je ne peux guère leur reprocher.

Car c’est par excès de timidité,

Qu’oncques ne pus leur exposer

Le fondement de mon intimité.

Elles ne virent pas ma vraie nature,

Ou mes épanchements enfiévrés,

Explosant comme des œufs durs,

Précipités sur les rochers.

Sans quoi, elles m’auraient à coup sûr aimé.

O toi qui fus un éternel soutien,

O compagne de mes lectures,

Pars donc à l’aventure,

Au paradis des petits riens.

Une dernière fois, je te prie de me laisser,

Lire en ta peau d’albâtre craquelée,

Ce que me réserve le destin comme salaire,

Fixé en un écrit oraculaire.

Reverrai-je un jour la splendeur de l’éclair,

Puisque tel est son prénom.

Et avant que ne gronde le tonnerre,

Pourrai-je lui murmurer mon nom ?

Ah, si les femmes aimaient les poètes !

Quant à toi, ne me pleure pas.

Chère compagne de ma cuvette,

Je ne te remplacerai pas.

Ton entraxe était trop unique,

Des lunettes comme toi,

On n’en trouve plus, même à Castrorama.

Adieu fidèle amie ! Adieu fleur de ma vie !