Un de mes élèves de 3e est mort en début de semaine d'un arrêt cardiaque que rien ne laissait présager (par chance dans son sommeil). La classe a fondu en larmes en l'apprenant (pour ceux qui ne le savaient pas encore) le jour suivant. On a décalé tous les contrôles qui étaient prévus dans la semaine, et les obsèques ont lieu lundi. Mais je sens la classe troublée et beaucoup n'ont pas du tout l'esprit au travail. Voire, pour les plus touchés, prennent le retour au travail pour une trahison du défunt.
Avez-vous déjà vécu une situation similaire ?
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non, mais le rapport à la mort chez l'enfant ou l'ado est différent que pour l'adulte. Il faut en parler. Ils ont 14/15/16 ans vos élèves ? Donc puisque cet évènement là s'est produit, c'est le moment de parler de la mort, et ce qui entoure la mort. C'est ce pourquoi les rituels religieux ou autres étaient faits.
LEs enfants, peuvent se sentir coupables, et ont pour certains plus jeunes, peur que la mort soit " contagieuse". donc déjà les rassurer sur ces deux choses me semble être primordiale.
Parlez en avec eux, quant à ceux qui disent trahir le mort en reprenant les cours, tss tss...^^ ce sont des tires au flanc à mon avis, et ils ont aussi des modèles déplorables dans démonstrations publiques, il faut bien l'avouer.
D'une part à c'est à VOUS l'adulte référente de décider ou non si les cours reprennent ou pas, et pas à l'élève, et d'autre part, ça ne fera pas revenir le mort d'arrêter d'apprendre.
Je pense qu'il faut les placer devant la réalité de la mort, sans dramatiser.
A un enfant qui lui demandait pourquoi on mourait, Dolto répondait " parce qu'on a fini de vivre" , il n'y a pas d'autre réponse possible, et ça peut arriver à tout âge.
Il faut dire la vérité aux enfants, avec des mots accessibles en fonction de l'âge et sans chercher des raisons, ou des explications aux choses forcément.
J'ai eu a faire une approche de la sorte avec une petite fille de 12 ans qui avait perdu sa maman, et récupérée par le père déjà âgé. C'est à ce moment là que je me suis documentée et vu aussi des spécialistes sur le sujet.
Je crois qu'il faut prendre un cours, pour parler ouvertement de tout ça, en prévenant qu'il y aura cette heure là pour s'exprimer, et qu'après les cours reprennent.
Vous pouvez demander un geste symbolique qui leur permettra de vider leurs émotions. Un dessin, un poème etc. qui sera lu ou vu, lors de l'heure consacrée à l'expression de leurs émotions.
Après, il faut passer à ce pourquoi ils sont là, apprendre et travailler.
Je comprends que des élèves de quatorze ou quinze ans puissent juger indécent de reprendre immédiatement la routine du travail scolaire dans de telles circonstances. Le retour à cette routine s'imposera de toute façon de lui-même quand il en sera temps et constituera sans doute pour beaucoup un soulagement.
Nous avons vécu, dans mon école, il y a encore assez peu de temps, une situation fort pénible et assez traumatisante pour mes élèves, qui sont plus jeunes que les vôtres, et dont je veux bien vous parler en privé si cela vous intéresse.
Il convient, bien entendu, d'accorder à ces jeunes et à vous-même un temps permettant d'extérioriser l'émotion suscitée par l'événement.
Oui, quand j'étais élève en seconde, j'avais beaucoup de mal à me concentrer et j'étais assez distrait voir dissipé. Un jour on nous a dit qu'une fille de ma classe, s'était levé pendant la nuit et avait trébuché, sa tête avait heurté un meuble et le choc l'avait tué.
Quelques jours après on m'a dit que je pouvais voir son corps et j'ai rendu visite à sa maman qui m'a indiqué sa chambre.
Je suis resté là, seul devant le corps au visage très blanc, je me suis avancé et je l'ai touché.
Depuis ce jour, le monde n'a plus jamais été le même, je n'ai plus eu de temps pour les bêtises et plus de problème pour me concentrer.
Oui j'ai vécu ça et pas qu'une seule fois.
Étant adolescente, au lycée une de mes camarades s'était suicidée (elle s'était jetée du 8èm étage) parce qu'elle s'était retrouvée enceinte et parce que de toute façon sa famille l'aurait tuée.
Plus tard, dans l'établissement où j'étais enseignante, je me suis retrouvée plus d'un matin face à une classe en pleurs parce que deux ou trois de leurs camarades (mes élèves) avaient péri lors de l'explosion d'une bombe mise par les intégristes islamistes dans le bus qui les ramenait à leur établissement.
Non on ne peut travailler dans pareille situation. Il faut un temps pour "digérer". Mais la vie continue...
Oui mais ce n'était pas au collège, je me souviens quand j'avais 7 ans, j'étais en CE1, une petite fille de la classe était invitée pour l'anniversaire d'une camarade avec d'autres enfants de ma classe. Je n'étais pas invitée. Et il s'avère que lors d'une ballade, un mec saoul au volant les a renversées. Une des filles a eu la mâchoire cassée, une autre a eu des bouts d’essuie-glace dans les genoux et cette petite fille avait eu un gros trou à la tête. Elle est restée quelque temps dans le coma puis s'en est allée aux cieux... Nous l'avons appris lorsque nous sommes rentrés en classe un lundi sans doute. Nous devions nous aussi faire des contrôles mais l'institutrice les avait annulés pour ce jour. Quelques filles ont eu du mal a faire le deuil même des années après car elles avaient été méchantes avec elle...
Au collège une fille que je ne connaissais pas avait fait une rupture d'anévrisme alors qu'elle n'avait que 13 ans. Sa meilleure amie était malheureuse, une fois lorsque j'étais dans le hall du collège, je l'ai vu en pleurs, crier toute sa peine, avec une prof d'histoire qui la retenait et qui l'emmenait dans le bureau du CPE. La pauvre elle était vraiment en détresse. Ça faisait mal au cœur de la voir dans cet état.
Le retour au travail ne peut pas être une trahison. Ça n'a rien à voir. C'est dur au début bien sûr car on ne voit plus la personne à nos côtés, on n'entend plus son stylo glisser sur son papier... Je me souviens encore de cette boule au ventre lorsque l'institutrice nous avait annoncé le décès de notre camarade de classe, et c'est bien à cause de ce tragique évènement que nous n'avions pas fait de contrôle ce jour-là car nous n'aurions de toute façon pas été concentré, mais il après il fallait bien que la vie reprenne son cours et que chacun reprenne son train de vie. Sinon ça n'aurait pas été bien et ça aurait été encore plus douloureux pour ces filles qui culpabilisaient car si on reste focalisé sur quelque chose et qu'on refuse de reprendre la vie là où elle était restée avant d'apprendre cette terrible nouvelle au contraire, ça nous aurait fait imaginer sans cesse ces affreuses images de cet accident ce qui aurait fait déprimer n'importe qui.
Moi non, en tout cas pas directement. Mais il y a quelques années, une amie de ma soeur, elles étaient dans la même classe, a été retrouvée poignardée de 34 coups de couteaux dans une ruelle. Il s'est avéré que c'etait son copain de l'epoque, également dans la même école, parce qu'elle venait de le larguer. Elle avait 17 ans. On ne l'a retrouvée qu'au bout de plusieurs jours, c'etait les vacances scolaires. Les parents de S. ont appelé chez ma mere pour parler a ma soeur et savoir si elle savait quelque chose. Mais ma soeur ne savait rien. Puis, c'est la gendarmerie qui a appelé pour avoir des renseignements. Ma soeur était interne mais comme elle n'avait pas cours le mercredi, elle dormait chez S. Jusqu'a ce coups de fil fatale, des parents nous annonçant que S. avait été retrouvée morte, poignardée de 34 coups de couteau. On était partie toutes les 3 au ski peu de temps avant, et on n'avait pas encore developpé les photos. On ne l'a jamais fait. On n'a jamais pu regarder ces photos, ses dernieres, par la suite. Dans la classe de ma soeur, ils n'etaient que 12. C'etait une classe d'art, où les éléves etaient selectionnés. Se retrouver a 11 apres ce drame a été compliqué pour tout le monde. Le vide etait pesant. C'etait il y a 20 ans mais ma soeur et moi n'en parlons presque pas. Les larmes arrivent tout de suite. Mais elle est, et restera dans notre coeur à jamais.
Oui, ça m'est arrivé quand j'étais en seconde . Un garçon de ma classe s'était fait écrasé par un camion alors qu'il roulait en scooter, ça nous avait tous choqué .
Le jour où on l'a appris, on était tous très tristes et incapables de travailler, mais ensuite ça n'a plus posé de problèmes .
Pour les profs, il faut faire gaffe et penser à marquer le coup . Je me souviens qu'une prof avait pris la nouvelle à la légère et ça ne lui avait pas servi par la suite . On l'avait tous pris pour une conne à cause de son manque d’empathie et la fin de l'année à été difficile pour elle .
J'ai connu ça dans mon ancien collège, d'ailleurs c'est même passé au journal : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/06/09/97001...
On a fait un livre d'or ou chacun écrivait ce qu'il avait à lui dire
Les psy sont venus pour les élèves, pour discuter (d'ailleurs ils devraient venir pour vous aussi normalement)
Les personnes qui l'emmerdaient souvent avaient l'air pris de remord puisqu'elles pleuraient comme pas possible
Puis on l'a oublié... Y'a plus que sa mère qui doit encore y penser la pauvre.
Je pense encore très souvent à une collègue qui me dit à la cantine "je suis très fatiguée, heureusement ce soir ce sont les vacances'
J'avais cours jusqu'à 17 heures dans la classe à côté de la sienne.
A la sortie, agitation inhabituelle dans le couloir, même pour ce lycée de banlieue.
Elle est morte en 3 minutes à son bureau, rupture d'anévrisme ou infarctus
Ses élèves ont été d'autant plus traumatisés que ça s'est passé sous leurs yeux, seuls quelques uns étaient sortis de la classe.
Non,mais d'après ce que je sais, ça serait bien de planifier une sorte de cérémonie afin que la classe puisse dire adieu au défunt. Mais c'est plus facile à dire qu'à réussir...